dimanche 30 juillet 2017

« IL Y A QUELQUES JOURS C’ÉTAIT LE BORDEL TOTAL » préfecture Nanterre




« C’est dégradant, les mots me manquent », lâche Adoum. Comme des centaines d’autres, ce jeune tchadien poireaute devant la préfecture de Nanterre pour renouveler sa carte de séjour. A StreetPress, ils sont plusieurs à raconter leurs nuits de galère.


Nanterre (92) - La nuit tombe sur la centaine de personnes qui attendent à même le sol devant les grilles de la préfecture, ce mardi 20 juillet. Ce soir, il y a foule. Travailleurs immigrés, étrangers en instance de naturalisation : tous sont là pour renouveler leurs titres de séjour.

Play
Current Time0:00
/
Duration Time0:00
Progress: 0%
0:00
Fullscreen
00:00
Mute
Certains font la file depuis plusieurs jours déjà. Thibaud, 43 ans, sourire aux lèvres est là pour sa femme. Arrivé à 15h, il s’apprête à passer sa deuxième nuit d’affilée aux portes de la préfecture. Son épouse, Nidal, viendra le relayer dès les premières lueurs du jour. La jeune femme vit en France depuis 3 ans. Elle travaille dans un grand groupe à la Défense. Cela fait 9 mois qu’elle a demandé le renouvellement de sa carte de séjour. Sans succès.

nanterre préfecture 1
Thibaut ne se laisse pas abattre / Crédits : Maxime Reynié

VIVE LES VACANCES

A minuit, alors que le soleil s’est couché, la file ne désemplit pas. Pour éviter les tensions, Thibaud tient une liste d’attente officieuse : 
« Ca évite aux gens de se faufiler dans la file au dernier moment ou de vendre leur place, parfois à 250€. »
Dans la queue, les conditions d’attentes sont spartiates« Il n’y a ni toilettes, ni distribution d’eau », déplore une jeune femme, la vingtaine. Pour se soulager, un bosquet à 100 m fait donc office de water closet. Pour l’eau, les gens comptent sur la générosité des riverains.

nanterre préfecture 2
250 noms dans la liste / Crédits : Maxime Reynié

Ce soir là, Mohamed, 36 ans, commerçant dans le quartier, dépose avec un ami des dizaines de bouteilles d’eau fraîches gratuitement. « Touché » il fait cela « avec le coeur ». Ce n’est pas la première fois que l’homme vient aider : 
« Ca fait 3 mois que ça dure »
« On a un gros rush avant et pendant les vacances », explique t-on du côté de la préfecture : 
« Avec ceux qui veulent partir et doivent refaire au dernier moment tous leurs papiers au détriment des autres personnes qui attendent aussi. »
La préf a d’ailleurs publié un communiqué de presse(link is external) datant de 23 juin intimant aux personnes dont les demandes ne seraient pas urgentes de patienter jusqu’en septembre.

nanterre préfecture 3
Camping sauvage / Crédits : Maxime Reynié

ADOUM EST DOS AU MUR

Sauf que certains ne peuvent pas attendre. Adoum est de ceux là. Le jeune tchadien, chemise blanche impeccable sur le dos, est arrivé en France en 2013. Il est prof de maths au collège Jules Vernes dans le 12e. « J’ai fait ma demande de changement de statut d’étudiant à salarié en mars et je n’ai toujours aucune nouvelle ». Aujourd’hui, Adoum est au pied du mur. Son contrat se termine dans un mois. Il craint alors que son dossier ne soit examiné trop tard : 
« Si je ne suis plus sous contrat mon dossier sera refusé et je serai sans-papiers. Quand on est sans papiers dans ce pays, on n’existe pas. »

nanterre préfecture 4
Adoum et sa chemise blanche / Crédits : Maxime Reynié

Arrivé à 21h, il s’apprête à passer sa cinquième nuit dehors« Là, vous voyez des gens qui dorment contre une plaque ou c’est mentionné ‘place des droits de l’homme’ », s’énerve t-il tout en montrant un petit muret contre lequel sont adossés trois camarades d’infortune :
« Nous sollicitons un traitement beaucoup plus digne. C’est dégradant, les mots me manquent. »
Après des heures de queue, le jeune homme apprend que son dossier n’est toujours pas traité… et qu’il devra revenir la semaine suivante.

DEUX POIDS, DEUX MESURES

6h30, le soleil se lève. Encore une nouvelle journée. Les gens sont épuisés. La queue compte désormais plus de 500 âmes. Parmi eux des enfants en bas âge. Un jeune garçon de 15 ans environ, survet’ rouge, pousse un chariot avec du café et du thé vendu à 50 centimes. Depuis le début des vacances il vient chaque matin pour se faire un peu d’argent. « Tu veux un sucre avec l’ami ? », interroge t-il un jeune homme qui vient de lui acheter un café.
Autour d’une boisson chaude, les esprits se réveillent difficilement dans l’attente de l’ouverture des grilles. Certains craignent des tensions à l’ouverture. D’autres ne décolèrent pas de la nuit qu’ils viennent de passer.

nanterre préfecture 5
« Tu veux un sucre avec l’ami ? » / Crédits : Maxime Reynié

« Je pense que si ici c’était une queue de personnes qui ont la nationalité française, ça aurait été dans tous les médias, tous les jours », opine Thiam. En jean-baskets et polo vert, cet ingénieur de 25 ans monte sa propre boîte deux ans seulement après être sorti d’une école renommée. Cela fait 10 mois qu’il a demandé le renouvellement de sa carte de séjour, sans succès :
« En France, on nous parle du digital, d’innovation mais nous, on fait la queue toute la nuit sans toilettes. »

nanterre préfecture 6
Au petit matin, la file prend de l'ampleur / Crédits : Maxime Reynié

« IL Y A QUELQUES JOURS C’ÉTAIT LE BORDEL TOTAL »

A 8h, 5 policiers se mettent en place en plus des 3 agents de la préfecture. Les portes ouvrent dans une heure. Dans le calme, deux files se mettent un place. La première, interminable avec plus de 700 personnes, est pour l’accès aux étrangers sans rendez-vous. L’autre, assez courte, est pour ceux ayant un rendez vous ou toute autre requête administrative.

nanterre préfecture 6
10 par 10 / Crédits : Maxime Reynié


nanterre préfecture 7
Le graal : un bon pour un rendez-vous à la préfecture / Crédits : Maxime Reynié

Tant bien que mal, les policiers et les agents essaient de guider ce petit monde. Eux aussi sont fatigués par cette situation. « Aujourd’hui c’est calme mais il y a quelques jours c’était le bordel total », lâche l’un d’entre eux quand StreetPress lui tape la discute. Il est 9h. Les portes ouvrent. Les gens avancent dix par dix dans le calme. Chacun espère obtenir un ticket à l’entrée garantissant d’être reçu à la préfecture. Trois heures plus tard, les portes ferment.
La file se reforme.

nanterre préfecture 8


La présence policière a été renforcée "Il y a des business de ouf ici" a Prefecture de Nanterre


"Elle m'a proposé de me revendre sa place"

100€ la place ! A la préfecture de Nanterre, le trafic prospère sur le dos des immigrés

Devant la préfecture de Nanterre, des centaines d'immigrés attendent chaque jour dehors, parfois la nuit entière, de pouvoir être reçus et renouveler leur titre de séjour. Profitant de la forte affluence et de la détresse des usagers, certains sont accusés de venir faire la queue uniquement pour revendre (très cher) leur place... Reportage.
Le jour se lève à peine mais la foule est déjà compacte. Devant la préfecture de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, des centaines de personnes - sans rendez-vous - attendent, s’impatientent, désespèrent de pouvoir renouveler leur titre de séjour à temps, avant qu’il n’expire. Etrangers en situation régulière, ils campent jour et nuit, dehors, pendant des heures et des heures, derrière des barrières métalliques, munis de couvertures quand il fait trop froid, d’éventails en carton quand il fait trop chaud, pour être sûrs d’être reçus dès l’ouverture, à neuf heures, alors que la préfecture croule sous les demandes.
Parmi les premiers arrivés ce mercredi, Dounia*, la vingtaine. La jeune fille au visage rond et à la voix douce confie avoir fait la queue comme beaucoup d'autres toute la nuit pour "dépanner sa belle-sœur" Feng*, d’origine asiatique. Celle-ci, sur place depuis seulement quelques minutes lorsque les portes s’ouvrent enfin, s’apprête à rejoindre Dounia dans la file d’attente en passant par dessus les barrières lorsque derrière elles, plusieurs hommes les invectivent violemment.
ACTUALITÉ DES MARQUES
Episode 5 : La douceur de maman.
Une websérie tournée dans les yeux de bébé.
Rapidement le ton monte. "Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? J’ai fait la queue ou pas ? C’est ma belle sœur, je lui donne ma place", leur assène Dounia dans une colère noire, sous son voile et son gros manteau. Après quelques minutes, la tension redescend mais la scène a du mal à passer. Car depuis plusieurs semaines, certains sont accusés de prospérer sur la détresse des gens en revendant très cher "leur" place. "Faiseurs de queue" professionnels, ils monnayeraient ainsi contre une centaine d’euros les précieuses places du début de file, les seules garantissant de pouvoir être pris, sans rendez-vous, le jour même à la préfecture.

"Elle m'a proposé de me revendre sa place"

A l’intérieur de l’établissement, les premiers usagers se présentent quant à eux aux guichets dans le calme. Il est tout juste 10h, des centaines de personnes attendent toujours dehors mais Feng, la "belle-sœur" de Dounia, a bientôt fini ses démarches. Elle accepte de témoigner à condition de rester anonyme. "Je ne suis pas fière, entame-t-elle. Je suis arrivée à 8h45 tranquillement. J’étais dans la queue, tout au fond. Une jeune fille est venue m’aborder. Elle m’a proposé de me revendre sa place. Au départ, elle voulait 100 euros. J’ai négocié. J’ai payé autour de 80".
Gênée, Feng poursuit, essaie de se justifier. "D’une certaine manière c’est la monétisation d’un service. Avec mon travail, je peux me le permettre, je gagne bien ma vie. D’ailleurs le prix proposé est raisonnable. La jeune fille dit être arrivée à 17h la veille. Si elle a attendu toute la nuit ça fait plus de douze heures de travail. Ce n’est pas si cher payé sauf pour les autres personnes qui attendent toujours et qui sont arrivées avant moi".
"Il y a des business de ouf ici", confirme à l’extérieur un jeune, casque de scooter sur la tête, debout, près des barrières métalliques. "Il y a des gens ils se font un SMIC par jour", ajoute Ahmed, un jeune homme affable de 18 ans venu faire la queue, dit-il, pour "son grand-père malade". Assis face à l’entrée avec un groupe de copains qui fume la chicha, Ahmed, qui semble bien informé, détaille volontiers la combine.
Le principe serait simple. Les premiers arrivés à la préfecture, ceux qui n’ont pas de convocation, s’attribuent officieusement un numéro de passage en fonction de leur ordre d’arrivée. Les convoqués sont, eux, répartis dans une autre file d’attente. Seulement, selon Ahmed, l’ordre de passage des "sans rendez-vous" n’est pas respecté. En cause, les places mises de côté par certains faiseurs de queue pour les revendre. Assise près de lui, une jeune femme attend, silencieuse. C’est Dounia que nous retrouvons. Un peu plus tôt, Feng l’a désignée comme sa "vendeuse" mais la jeune fille nie les accusations.
"Il y a des business de ouf ici"

La présence policière a été renforcée 

"C’est de l’entraide. J’habite à côté, je suis venue aider ma voisine, je suis en vacances, j’ai le temps", explique en effet Dounia. Ahmed, jogging kaki et thé à la main, abonde dans son sens, peu convaincant. "On fait ça pour la famille, vendre des places, ça se fait pas, meskine**, il y a des grands-mères qui dorment ici". A aucun moment le jeune homme n’ira retrouver son "grand-père" dans la queue. Combien sont-ils, comme eux, soupçonnés de revendre leur place ? Dans la file d'attente, les témoignages se multiplient.
"Un fois, une dame a payé 400 euros pour passer parce que son titre de séjour arrivait à terme et qu'elle risquait de perdre son travail. (…) Ceux qui revendent les places, ils disent : 'on n'a pas d’argent, on n'a pas de papiers, on ne peut pas travailler' . (…) Ce matin il y a une femme qui a payé 50 euros et ensuite elle ne retrouvait pas la place qu’on lui avait donnée dans la queue, elle disait 'ah moi je bouge pas, j’ai payé'…"
Alertée, la préfecture de Nanterre indique à Marianne que "les services de police ont été saisis par le préfet et la présence policière a été renforcée le long des files d’attente" afin de dissuader les revendeurs de places. Pour expliquer les raisons d’une telle affluence, les autorités avancent différents facteurs : la période estivale ou encore l’accueil temporaire à Nanterre des usagers de la sous-préfecture d’Antony, fermée cet automne suite à un incendie et réouverte en début d’année. L’application nationale de gestion des dossiers des ressortissants étrangers (AGDREF), a par ailleurs été "inopérante à plusieurs reprises".
Sur place, le dispositif d'accueil a également été modifié afin de limiter l’attente des usagers à travers, entre autres, la mise en place de "files spécifiques", selon que la personne ait, ou non, un rendez-vous, qu'elle cherche à accéder à un autre service de l'Etat, etc. "Depuis mi-juin, le service du séjour des étrangers ne laisse rentrer de surcroît que le nombre de personnes qu’elle peut recevoir dans la journée (entre 650 et 700 personnes toutes démarches confondues)", assure la préfecture avant d'ajouter que "des rendez-vous d’urgence sont donnés pour les personnes dont les récépissés ont expiré".
Malgré ces mesures, la file d’attente ne tarit pas devant la préfecture. Entre les cartons posés à même le sol, utilisés comme lits de fortune, des centaines d'immigrés continuent d'attendre, pendant des heures, des jours parfois, les yeux rouges, le visage groggy, marqué par la fatigue et l'inquiétude. Installés à côté des barrières métalliques, ce mercredi, Ahmed, Dounia et leur petit groupe d'amis attendent eux aussi lorsqu'ils sont approchés par un monsieur, lunettes de soleil, la quarantaine : "C'est combien la place ?"
* Les noms ont été changé
** Meskine : Les pauvres

samedi 29 juillet 2017

Préfecture de Nanterre - Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €

Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €

Dès l’ouverture de la préfecture, les équipes distribuent 600 tickets aux premiers arrivés pour accéder aux guichets. Une fois ce seuil atteint, les personnes encore dehors sont invitées à rentrer chez elles. Certains en font même un trafic. Et il est lucratif : dans la foule, on évoque 300 € pour un ticket. Rose, 59 ans, ne veut pas dire combien elle a payé. Mais c’est de cette façon qu’elle s’est procuré un ticket pour passer le jour même.

<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/4HXc1xxT4hI" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>

La Cimade dénonce les interpellations d'étrangers en préfecture
Trois salariés sans-papiers en grève dans les Hauts-de-Seine depuis le 19 avril ont reçu leurs récépissés de régularisation, préalables à l'émission d'un titre de séjour, délivrés par la préfecture des Haut-de-Seine, a-t-on appris auprès de la CGT, qui soutient le mouvement. — Joel Saget AFP/Archives
«Nous sommes très préoccupés par ces interpellations devant les préfectures.» Dans une enquête publiée ce mardi et menée entre octobre 2007 et mars 2008 dans un tiers des départements français, la Cimade (Conseil oecuménique d'entraide) s'alarme «des dysfonctionnements» dans l'accueil réservé aux étrangers dans les préfectures.

«Ces lieux devenant potentiellement risqués, trop d'étrangers font dorénavant le choix de rester dans la clandestinité», souligne Sarah Belaïsch, coordonnatrice du rapport. 

Douze interpellations en six semaines

Ne détenant aucune estimation globale du nombre d'étrangers interpellés dans ou près des préfectures, cette dernière a cependant indiqué, à titre d'exemple, qu'au cours de six semaines d'observation auprès de la préfecture de Melun (Seine-et-Marne), douze interpellations de ce genre ont eu lieu, la plupart concernant des étrangers venus demander des autorisations de séjour au titre du travail.

Interrogé, le ministère de l'Immigration fait remarquer qu'il est parfaitement légal d'interpeller dans une préfecture un étranger ayant reçu une OQTF (obligation à quitter le territoire), mais que ceux qui n'en font pas l'objet ne sont pas inquiétés.

La Cimade constate par ailleurs dans son rapport la mauvaise organisation de l'accueil dans les préfectures qui engendre des files d'attente interminables, commençant souvent avant le lever du jour. L'accès à l'information à distance est aussi problématique, ce qui oblige les étrangers à se déplacer aux guichets, participant ainsi à l'engorgement des préfectures. En ce qui concerne les pièces à fournir pour obtenir un titre de séjour, enfin, la liste n'en étant pas établie au niveau national, certaines préfectures présentent des exigences abusives.

Dix propositions 

Pour pallier «ces situations indignes», la Cimade formule une dizaine de propositions. Outre l'interdiction des interpellations en préfecture, elle préconise l'ouverture de nouveaux lieux d'accueil et la mise à disposition d'informations sur les procédures à suivre sur un livret, au téléphone ou sur le site Internet des préfectures. Elle prône aussi la définition de critères de régularisation «précis et objectifs», ainsi qu'une liste nationale des pièces justificatives à fournir pour telle ou telle demande.

Elle plaide enfin pour un rétablissement des possibilités de réexamen des décisions administratives, à travers la création d'une «commission de séjour» qui pourrait être saisie par les étrangers.

Devant la préfecture de Nanterre, la chaleur rend l’attente encore plus pénible

Des centaines d’étrangers, en attente de renouvellement de leur titre de séjour, doivent patienter sous un soleil cuisant. La préfecture distribue de l’eau et tente de gérer le flux.

Ce n’est déjà pas une sinécure en temps normal. Mais depuis le début de l’épisode de canicule, la file d’attente des étrangers, qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres devant la préfecture de Nanterre, s’est transformée en petit enfer. Face aux risques de déshydratation, des bouteilles d’eau sont distribuées par les autorités aux centaines de personnes qui patientent sous un soleil cuisant.
« Dès lundi en raison de la chaleur, nous avons fait venir une équipe de la Croix-Rouge dans le hall de la préfecture, indiquent les services préfectoraux. Mardi, nous avons bloqué les gens aux grilles afin qu’ils n’attendent pas dans la cour, sous le soleil, et parce que nous ne pouvons pas tous les accueillir dans le hall ». Ce mercredi bien avant l’ouverture des guichets à 9 heures, deux files distinctes ont été matérialisées par des barrières, l’une pour les personnes avec convocation ou demandeurs d’asile, l’autre, la plus longue, pour les demandes de renouvellement de carte de séjour.
« Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens »
En tête de file, Mohamed est arrivé d’Asnières à 1 h 30 pour renouveler sa carte de séjour. « J’ai déposé mon dossier depuis plus de trois mois et ma carte de dix ans n’est plus valable depuis un mois. Mon patron râle mais il n’a pas le choix », explique-t-il devant la grille, après déjà six heures d’attente. « Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens », souffle-t-il. Devant lui, une dame de 78 ans est assise sur un siège pliant. « On est là depuis 1 h 20, pour accompagner la tata. Depuis deux ans ici, c’est rude », assure son neveu, qui habite à deux pas de la préfecture.

VIDÉO - L'attente "inhumaine" des étrangers devant la préfecture de Nanterre


Des heures de queue, parfois dès la veille au soir, parfois pour rien. Depuis un peu plus d’un mois particulièrement, des files d’attente interminables se forment devant la préfecture de Nanterre, près de Paris. Des étrangers vivant dans le département des Hauts-de-Seine veulent y faire renouveler ou mettre à jour des papiers. Mais faute d’un système fonctionnel de prise de rendez-vous par Internet, ils se retrouvent dans une situation ubuesque… 

Carte de séjour, permis de conduire, demande d’acquisition de la nationalité : quel que soit l’objet de la démarche, il faut prendre un rendez-vous en ligne. Dans les Hauts-de-Seine comme dans l’ensemble des départements de France, dans 90 % des cas en moyenne, la prise de rendez-vous ne fonctionne pas, 
comme l’a déjà montré la Cimade, une ONG qui défend du droit des étrangers en France. Elle dénonce "une stratégie du découragement". 

La situation a été filmée par de nombreux témoins. "À 4 h du matin, il est déjà trop tard vu le monde qu'il y a devant vous, vous pouvez être sûrs de ne pas pouvoir accéder à un agent dans la journée ; c’est intolérable et inhumain", dénonce notre Observateur, jeune cadre qui doit mettre à jour son titre de séjour tous les ans à la préfecture de Nanterre.
Depuis un mois, ils sont des centaines à faire la queue jour et nuit devant la préfecture de Nanterre pour renouveler leur titre de séjour. On annonce l'ouverture de deux nouveaux guichets ce jeudi. 
« Ne dépassez pas ! » lance, exaspérée, Christine à un homme derrière elle. Cette Ivoirienne de 48 ans attend depuis 6 heures du matin devant la préfecture de Nanterre. Comme des centaines d’autres étrangers qui font la queue, elle espère renouveler son titre de séjour. « Mon patron m’attend à 11 heures, c’est la galère ! », tempête Christine.

Cette situation perdure depuis un mois. Des femmes enceintes, des enfants, des personnes âgées et handicapées doivent composer avec la chaleur, pendant des heures, sans sanitaires ni point d’eau. Certains sont arrivés la veille et ont passé la nuit couchés sur des cartons. Près de l’entrée, la tension est palpable quand des personnes tentent de se greffer à la file d’attente. « Même les chiens sont mieux traités, déplore Sana, 36 ans, arrivée dans les 200 premiers. C’est dans ces situations-là que je me sens exclue. »

Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €

Dès l’ouverture de la préfecture, les équipes distribuent 600 tickets aux premiers arrivés pour accéder aux guichets. Une fois ce seuil atteint, les personnes encore dehors sont invitées à rentrer chez elles. Certains en font même un trafic. Et il est lucratif : dans la foule, on évoque 300 € pour un ticket. Rose, 59 ans, ne veut pas dire combien elle a payé. Mais c’est de cette façon qu’elle s’est procuré un ticket pour passer le jour même.



La Cimade dénonce les interpellations d'étrangers en préfecture
Trois salariés sans-papiers en grève dans les Hauts-de-Seine depuis le 19 avril ont reçu leurs récépissés de régularisation, préalables à l'émission d'un titre de séjour, délivrés par la préfecture des Haut-de-Seine, a-t-on appris auprès de la CGT, qui soutient le mouvement. — Joel Saget AFP/Archives
«Nous sommes très préoccupés par ces interpellations devant les préfectures.» Dans une enquête publiée ce mardi et menée entre octobre 2007 et mars 2008 dans un tiers des départements français, la Cimade (Conseil oecuménique d'entraide) s'alarme «des dysfonctionnements» dans l'accueil réservé aux étrangers dans les préfectures.

«Ces lieux devenant potentiellement risqués, trop d'étrangers font dorénavant le choix de rester dans la clandestinité», souligne Sarah Belaïsch, coordonnatrice du rapport. 

Douze interpellations en six semaines

Ne détenant aucune estimation globale du nombre d'étrangers interpellés dans ou près des préfectures, cette dernière a cependant indiqué, à titre d'exemple, qu'au cours de six semaines d'observation auprès de la préfecture de Melun (Seine-et-Marne), douze interpellations de ce genre ont eu lieu, la plupart concernant des étrangers venus demander des autorisations de séjour au titre du travail.

Interrogé, le ministère de l'Immigration fait remarquer qu'il est parfaitement légal d'interpeller dans une préfecture un étranger ayant reçu une OQTF (obligation à quitter le territoire), mais que ceux qui n'en font pas l'objet ne sont pas inquiétés.

La Cimade constate par ailleurs dans son rapport la mauvaise organisation de l'accueil dans les préfectures qui engendre des files d'attente interminables, commençant souvent avant le lever du jour. L'accès à l'information à distance est aussi problématique, ce qui oblige les étrangers à se déplacer aux guichets, participant ainsi à l'engorgement des préfectures. En ce qui concerne les pièces à fournir pour obtenir un titre de séjour, enfin, la liste n'en étant pas établie au niveau national, certaines préfectures présentent des exigences abusives.

Dix propositions 

Pour pallier «ces situations indignes», la Cimade formule une dizaine de propositions. Outre l'interdiction des interpellations en préfecture, elle préconise l'ouverture de nouveaux lieux d'accueil et la mise à disposition d'informations sur les procédures à suivre sur un livret, au téléphone ou sur le site Internet des préfectures. Elle prône aussi la définition de critères de régularisation «précis et objectifs», ainsi qu'une liste nationale des pièces justificatives à fournir pour telle ou telle demande.

Elle plaide enfin pour un rétablissement des possibilités de réexamen des décisions administratives, à travers la création d'une «commission de séjour» qui pourrait être saisie par les étrangers.

 

Devant la préfecture de Nanterre, la chaleur rend l’attente encore plus pénible

 

Des centaines d’étrangers, en attente de renouvellement de leur titre de séjour, doivent patienter sous un soleil cuisant. La préfecture distribue de l’eau et tente de gérer le flux.

Ce n’est déjà pas une sinécure en temps normal. Mais depuis le début de l’épisode de canicule, la file d’attente des étrangers, qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres devant la préfecture de Nanterre, s’est transformée en petit enfer. Face aux risques de déshydratation, des bouteilles d’eau sont distribuées par les autorités aux centaines de personnes qui patientent sous un soleil cuisant.
« Dès lundi en raison de la chaleur, nous avons fait venir une équipe de la Croix-Rouge dans le hall de la préfecture, indiquent les services préfectoraux. Mardi, nous avons bloqué les gens aux grilles afin qu’ils n’attendent pas dans la cour, sous le soleil, et parce que nous ne pouvons pas tous les accueillir dans le hall ». Ce mercredi bien avant l’ouverture des guichets à 9 heures, deux files distinctes ont été matérialisées par des barrières, l’une pour les personnes avec convocation ou demandeurs d’asile, l’autre, la plus longue, pour les demandes de renouvellement de carte de séjour.
« Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens »
En tête de file, Mohamed est arrivé d’Asnières à 1 h 30 pour renouveler sa carte de séjour. « J’ai déposé mon dossier depuis plus de trois mois et ma carte de dix ans n’est plus valable depuis un mois. Mon patron râle mais il n’a pas le choix », explique-t-il devant la grille, après déjà six heures d’attente. « Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens », souffle-t-il. Devant lui, une dame de 78 ans est assise sur un siège pliant. « On est là depuis 1 h 20, pour accompagner la tata. Depuis deux ans ici, c’est rude », assure son neveu, qui habite à deux pas de la préfecture.

VIDÉO - L'attente "inhumaine" des étrangers devant la préfecture de Nanterre


Des heures de queue, parfois dès la veille au soir, parfois pour rien. Depuis un peu plus d’un mois particulièrement, des files d’attente interminables se forment devant la préfecture de Nanterre, près de Paris. Des étrangers vivant dans le département des Hauts-de-Seine veulent y faire renouveler ou mettre à jour des papiers. Mais faute d’un système fonctionnel de prise de rendez-vous par Internet, ils se retrouvent dans une situation ubuesque… 

Carte de séjour, permis de conduire, demande d’acquisition de la nationalité : quel que soit l’objet de la démarche, il faut prendre un rendez-vous en ligne. Dans les Hauts-de-Seine comme dans l’ensemble des départements de France, dans 90 % des cas en moyenne, la prise de rendez-vous ne fonctionne pas, 
comme l’a déjà montré la Cimade, une ONG qui défend du droit des étrangers en France. Elle dénonce "une stratégie du découragement". 

La situation a été filmée par de nombreux témoins. "À 4 h du matin, il est déjà trop tard vu le monde qu'il y a devant vous, vous pouvez être sûrs de ne pas pouvoir accéder à un agent dans la journée ; c’est intolérable et inhumain", dénonce notre Observateur, jeune cadre qui doit mettre à jour son titre de séjour tous les ans à la préfecture de Nanterre.
Depuis un mois, ils sont des centaines à faire la queue jour et nuit devant la préfecture de Nanterre pour renouveler leur titre de séjour. On annonce l'ouverture de deux nouveaux guichets ce jeudi. 
« Ne dépassez pas ! » lance, exaspérée, Christine à un homme derrière elle. Cette Ivoirienne de 48 ans attend depuis 6 heures du matin devant la préfecture de Nanterre. Comme des centaines d’autres étrangers qui font la queue, elle espère renouveler son titre de séjour. « Mon patron m’attend à 11 heures, c’est la galère ! », tempête Christine.

Cette situation perdure depuis un mois. Des femmes enceintes, des enfants, des personnes âgées et handicapées doivent composer avec la chaleur, pendant des heures, sans sanitaires ni point d’eau. Certains sont arrivés la veille et ont passé la nuit couchés sur des cartons. Près de l’entrée, la tension est palpable quand des personnes tentent de se greffer à la file d’attente. « Même les chiens sont mieux traités, déplore Sana, 36 ans, arrivée dans les 200 premiers. C’est dans ces situations-là que je me sens exclue. »

Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €


Dès l’ouverture de la préfecture, les équipes distribuent 600 tickets aux premiers arrivés pour accéder aux guichets. Une fois ce seuil atteint, les personnes encore dehors sont invitées à rentrer chez elles. Certains en font même un trafic. Et il est lucratif : dans la foule, on évoque 300 € pour un ticket. Rose, 59 ans, ne veut pas dire combien elle a payé. Mais c’est de cette façon qu’elle s’est procuré un ticket pour passer le jour même.












Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €-L'attente "inhumaine" des étrangers devant la préfecture de Nanterre









La Cimade dénonce les interpellations d'étrangers en préfecture
Trois salariés sans-papiers en grève dans les Hauts-de-Seine depuis le 19 avril ont reçu leurs récépissés de régularisation, préalables à l'émission d'un titre de séjour, délivrés par la préfecture des Haut-de-Seine, a-t-on appris auprès de la CGT, qui soutient le mouvement. — Joel Saget AFP/Archives
«Nous sommes très préoccupés par ces interpellations devant les préfectures.» Dans une enquête publiée ce mardi et menée entre octobre 2007 et mars 2008 dans un tiers des départements français, la Cimade (Conseil oecuménique d'entraide) s'alarme «des dysfonctionnements» dans l'accueil réservé aux étrangers dans les préfectures.

«Ces lieux devenant potentiellement risqués, trop d'étrangers font dorénavant le choix de rester dans la clandestinité», souligne Sarah Belaïsch, coordonnatrice du rapport. 

Douze interpellations en six semaines

Ne détenant aucune estimation globale du nombre d'étrangers interpellés dans ou près des préfectures, cette dernière a cependant indiqué, à titre d'exemple, qu'au cours de six semaines d'observation auprès de la préfecture de Melun (Seine-et-Marne), douze interpellations de ce genre ont eu lieu, la plupart concernant des étrangers venus demander des autorisations de séjour au titre du travail.

Interrogé, le ministère de l'Immigration fait remarquer qu'il est parfaitement légal d'interpeller dans une préfecture un étranger ayant reçu une OQTF (obligation à quitter le territoire), mais que ceux qui n'en font pas l'objet ne sont pas inquiétés.

La Cimade constate par ailleurs dans son rapport la mauvaise organisation de l'accueil dans les préfectures qui engendre des files d'attente interminables, commençant souvent avant le lever du jour. L'accès à l'information à distance est aussi problématique, ce qui oblige les étrangers à se déplacer aux guichets, participant ainsi à l'engorgement des préfectures. En ce qui concerne les pièces à fournir pour obtenir un titre de séjour, enfin, la liste n'en étant pas établie au niveau national, certaines préfectures présentent des exigences abusives.

Dix propositions 

Pour pallier «ces situations indignes», la Cimade formule une dizaine de propositions. Outre l'interdiction des interpellations en préfecture, elle préconise l'ouverture de nouveaux lieux d'accueil et la mise à disposition d'informations sur les procédures à suivre sur un livret, au téléphone ou sur le site Internet des préfectures. Elle prône aussi la définition de critères de régularisation «précis et objectifs», ainsi qu'une liste nationale des pièces justificatives à fournir pour telle ou telle demande.

Elle plaide enfin pour un rétablissement des possibilités de réexamen des décisions administratives, à travers la création d'une «commission de séjour» qui pourrait être saisie par les étrangers.

 

Devant la préfecture de Nanterre, la chaleur rend l’attente encore plus pénible

 

Des centaines d’étrangers, en attente de renouvellement de leur titre de séjour, doivent patienter sous un soleil cuisant. La préfecture distribue de l’eau et tente de gérer le flux.

Ce n’est déjà pas une sinécure en temps normal. Mais depuis le début de l’épisode de canicule, la file d’attente des étrangers, qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres devant la préfecture de Nanterre, s’est transformée en petit enfer. Face aux risques de déshydratation, des bouteilles d’eau sont distribuées par les autorités aux centaines de personnes qui patientent sous un soleil cuisant.
« Dès lundi en raison de la chaleur, nous avons fait venir une équipe de la Croix-Rouge dans le hall de la préfecture, indiquent les services préfectoraux. Mardi, nous avons bloqué les gens aux grilles afin qu’ils n’attendent pas dans la cour, sous le soleil, et parce que nous ne pouvons pas tous les accueillir dans le hall ». Ce mercredi bien avant l’ouverture des guichets à 9 heures, deux files distinctes ont été matérialisées par des barrières, l’une pour les personnes avec convocation ou demandeurs d’asile, l’autre, la plus longue, pour les demandes de renouvellement de carte de séjour.
« Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens »
En tête de file, Mohamed est arrivé d’Asnières à 1 h 30 pour renouveler sa carte de séjour. « J’ai déposé mon dossier depuis plus de trois mois et ma carte de dix ans n’est plus valable depuis un mois. Mon patron râle mais il n’a pas le choix », explique-t-il devant la grille, après déjà six heures d’attente. « Ce n’est pas pour moi que je m’inquiète mais pour les anciens », souffle-t-il. Devant lui, une dame de 78 ans est assise sur un siège pliant. « On est là depuis 1 h 20, pour accompagner la tata. Depuis deux ans ici, c’est rude », assure son neveu, qui habite à deux pas de la préfecture.

VIDÉO - L'attente "inhumaine" des étrangers devant la préfecture de Nanterre


Des heures de queue, parfois dès la veille au soir, parfois pour rien. Depuis un peu plus d’un mois particulièrement, des files d’attente interminables se forment devant la préfecture de Nanterre, près de Paris. Des étrangers vivant dans le département des Hauts-de-Seine veulent y faire renouveler ou mettre à jour des papiers. Mais faute d’un système fonctionnel de prise de rendez-vous par Internet, ils se retrouvent dans une situation ubuesque… 

Carte de séjour, permis de conduire, demande d’acquisition de la nationalité : quel que soit l’objet de la démarche, il faut prendre un rendez-vous en ligne. Dans les Hauts-de-Seine comme dans l’ensemble des départements de France, dans 90 % des cas en moyenne, la prise de rendez-vous ne fonctionne pas, 
comme l’a déjà montré la Cimade, une ONG qui défend du droit des étrangers en France. Elle dénonce "une stratégie du découragement". 

La situation a été filmée par de nombreux témoins. "À 4 h du matin, il est déjà trop tard vu le monde qu'il y a devant vous, vous pouvez être sûrs de ne pas pouvoir accéder à un agent dans la journée ; c’est intolérable et inhumain", dénonce notre Observateur, jeune cadre qui doit mettre à jour son titre de séjour tous les ans à la préfecture de Nanterre.
Depuis un mois, ils sont des centaines à faire la queue jour et nuit devant la préfecture de Nanterre pour renouveler leur titre de séjour. On annonce l'ouverture de deux nouveaux guichets ce jeudi. 
« Ne dépassez pas ! » lance, exaspérée, Christine à un homme derrière elle. Cette Ivoirienne de 48 ans attend depuis 6 heures du matin devant la préfecture de Nanterre. Comme des centaines d’autres étrangers qui font la queue, elle espère renouveler son titre de séjour. « Mon patron m’attend à 11 heures, c’est la galère ! », tempête Christine.

Cette situation perdure depuis un mois. Des femmes enceintes, des enfants, des personnes âgées et handicapées doivent composer avec la chaleur, pendant des heures, sans sanitaires ni point d’eau. Certains sont arrivés la veille et ont passé la nuit couchés sur des cartons. Près de l’entrée, la tension est palpable quand des personnes tentent de se greffer à la file d’attente. « Même les chiens sont mieux traités, déplore Sana, 36 ans, arrivée dans les 200 premiers. C’est dans ces situations-là que je me sens exclue. »

Le ticket d’accès au guichet se négocie 300 €


Dès l’ouverture de la préfecture, les équipes distribuent 600 tickets aux premiers arrivés pour accéder aux guichets. Une fois ce seuil atteint, les personnes encore dehors sont invitées à rentrer chez elles. Certains en font même un trafic. Et il est lucratif : dans la foule, on évoque 300 € pour un ticket. Rose, 59 ans, ne veut pas dire combien elle a payé. Mais c’est de cette façon qu’elle s’est procuré un ticket pour passer le jour même.